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Soulwax : "c’est relativement facile d’avoir une vie confortable sans devoir tout chambouler"

22 Oct 2024
Soulwax : "c’est relativement facile d’avoir une vie confortable sans devoir tout chambouler"

A l’origine, deux frères, Stephen et David Dewaele, basés à Gand. Depuis les premiers bidouillages du duo, cette ville flamande est devenue l’épicentre d’une formidable machine à danser electro-rock. Hochement de tête, balancement des épaules, ondulation des hanches : les rythmes de Soulwax déclenchent des réactions physiques tout en parlant à nos cerveaux.

En parallèle, la fratrie est également reconnue pour son label, Deewee, et pour ses hallucinants remixes et DJ sets en live sous le pseudo de 2manydjs. Mais d’abord, c’est bien sous la bannière Soulwax, accompagnés d’autres musiciens, que les Dewaele sont venus interpréter des extraits de leur discographie inouïe, qui regorge de beats diaboliques et de mélodies renversantes. Un comeback longtemps espéré et enfin concrétisé !

Rencontre.

Parlons efficacité d’une chanson, car les vôtres le sont. Est-ce que l’efficacité, c’est quelque chose de recherché ou quelque chose de révélé ?


David : On ne sait pas, car on ne sait pas ce qu’on fait. On est surtout exigeant avec nous-même. Donc on se dit que si ça nous fait bouger, ça fera bouger les gens. Mais c’est pas une recette dont on connait la formule.


Outre le live, vous êtes aussi un groupe de studio. Quand est-ce que vous savez qu’une chanson est terminée ?


Stefen : Là encore il y a pas une vraie méthode ou une règle absolue. Mais compris avec 2manyDJ’s quelque chose : tu composes un morceau le jour, tu le joues le soir devant les gens et tu vois comment ils le reçoivent.
David : C’est pas vraiment la question. Il demande quand est-ce que qu’on sait que c’est fini ?
Stefen : Oui. Bah c’est jamais fini !
David : Là on sort d’une autre interview radio, et ils diffusaient un de nos vieux morceaux qui a 8 ou 9 ans. Et en l’écoutant, on se disait qu’il n’était pas fini, car la version qu’on joue en concert est radicalement différente.


Un bon concert, c’est vous qui décidez, ou c’est le public ?


Stefen : c’est une bonne question car il y a pas de bonne réponse : de temps en temps c’est toi, de temps en temps c’est le public. En fait il y a trop de choses sur lesquels tu n’as pas de contrôle : le son, le public. Et on aime bien ça, c’est plus punk. Quand tu es en studio, tu peux faire le control freak. En live, c’est hors de contrôle. Je crois que pour notre équilibre, on aime avoir les deux.


Ça fait maintenant pas mal d’années que vous faites ça, et aussi étonnant que puisse paraitre la question, est-ce que parfois pour vous, c’est devenu juste un job ?


David : Le live non, que ça soit en DJ et encore plus en configuration Soulwax, car on n’en fait pas aussi souvent que ça. En revanche, le reste, comme les vols ou les interviews, c’est pas aussi excitant qu’il y a vingt ans. Et c’est normal.


En tant que super fan de Miserable Girl, je prends n’importe quelle anecdote dessus. Et est-ce que c’est une chanson qu’on vous cite souvent ?


Stefen : C’est un morceau qu’on joue tout le temps. J’aime bien sa dimension un peu punk-rock, un peu sixties. Et je suis content de pouvoir la jouer en live, c’est très cool.
David : J’ai pas forcément d’anecdote sur cette chanson, par contre je sais que le synthé original avec lequel on a enregistré cette chanson, on l’a perdu. L’un de nous l’a prêté, à je ne sais pas qui, et on l’a perdu.


On avait sur ce même canapé juste avant vous le groupe Aili, qui vient aussi de Belgique et que vous connaissez. Comment expliquez-vous ce concentré de talent qu’a la Belgique pour un pays finalement petit ?


David : On en parle jamais entre nous, mais je crois que c’est parce que c’est relativement facile d’avoir une vie confortable sans devoir tout chambouler. Vu que le pays est petit, comparé à l’Angleterre ou les Etats-Unis, ce n’est pas si difficile d’avoir un peu de succès. Et du coup, la frontière entre loisir et travail est moins grande. T’en penses quoi toi ?
Stefens : Je pense que dans notre culture, il y a un croisement de plusieurs autres : la française, l’hollandaise, l’allemande, l’anglaise. Ça crée une richesse, comme en Suisse, ou au Canada. On a plusieurs langues. Et je ne pense pas que ça se limite à la musique, mais aux arts en général. On a la liberté de ne pas être français, ou italien, ou anglais. Tu peux faire un truc à toi. On prend un élément d’ailleurs, et on en fait un truc à nous. Ça vaut même pour Jacques Brel. Il n’y a pas un nationalisme ou un chauvinisme, même on est fier d’être belge bien sûr.
David : Et tous ces artistes avec qui on est un peu lié, comme Aili ou Charlotte (de Witte, ndlr) sont des gens qu’on connait depuis des années. Depuis 15-20 ans parfois. Orson (Wouters, de Aili,ndlr), c’est lui qui a construit notre contrôleur son sur scène. On a des liens, mais ils ont leur truc à eux. C’est vraiment la famille.

Propos recueillis par Nico Prat
Crédit Photo : Roxane Matalon