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Parlor Snakes : « avoir des musiciens qui changent au gré des rencontres, ça nous aide à ne pas rester bloqué sur ce qu'on a déjà fait »

30 Août 2023
Parlor Snakes : « avoir des musiciens qui changent au gré des rencontres, ça nous aide à ne pas rester bloqué sur ce qu'on a déjà fait »

A ma gauche, Eugénie Alquezar, chanteuse française au tempérament volcanique, actrice à ses heures perdues et co-fondatrice de l’agence de booking Hot Pants Productions. A ma droite, Peter K, guitariste américain aux idées palpitantes, expatrié à Paris depuis des années. Ensemble, ils répondent au nom de Parlor Snakes, duo mixte rock qui se place dans la ligne directe d’autres charbons ardents comme les Kills, les Cramps, ou les Raveonettes.

Infiniment nocturnes, volontiers sensuels, leurs morceaux embrasent les foules lors des performances endiablées qu’ils livrent pied au plancher, en se donnant corps et âme, sans s’économiser un seul instant.

Pour essayer de se préparer à leurs concerts, on peut se plonger dans les albums qui ont jalonné leur discographie, notamment le fiévreux Disaster Serenades (2019).

Parlor Snakes

Rencontre.

Comment est né le groupe ? Il est composé de vous deux et les autres musiciens changent ?

Eugénie Alquezar : Le groupe est né tout simplement quand Peter et moi on s’est rencontré, il y a déjà un moment déjà. On est d’abord devenus amis, on a voulu jouer pour le fun et puis c’est devenu plus sérieux. On a pris une trajectoire plus professionnelle et on ne s’est jamais arrêté.

Peter K : Ça faisait déjà un moment que j’étais arrivé en France et au début, c’était juste « oh moi je joue de la guitare et toi tu chantes, on va s’amuser avec des amis ». Et petit à petit, on a changé notre line-up mais on voulait continuer ensemble. Les gens sont parties, la bassiste est tombée enceinte et a été occupée. Des amis nous ont rejoint pour jouer de la batterie et de la basse. Et ça bouge constamment comme ça. Au fond le groupe existe par ces mouvements. Nous, on cherche des gens avec qui on aime parler et jouer de la musique. Chaque personne qui passait donnait une incarnation différente. On a fait quelques singles, trois albums et on continue.

Eugénie Alquezar : J’aime bien que tu parles d’incarnation, car c’est vrai qu’avoir des musiciens qui changent au gré des rencontres, de nos envies, de nos aventures, ça nous aide à trouver de l’inspiration, d’évoluer et de ne pas rester bloqué sur ce qu’on a déjà fait. Le groupe c’est nous deux et on a autour de nous des musiciens, des amis qui vont et viennent et avec qui on vit l’aventure ensemble.

Et ça a commencé à un mariage ?

Eugénie Alquezar : Oui, à son mariage [à Peter] ! Sa femme jouait de la batterie. C’est quand on a eu un label qu’on a procédé aux premiers ajustements. Et ainsi de suite. A chaque album je crois, il y a un changement de line-up.

Parlor Snakes

Et c’est pas dur de recommencer à chaque fois à zéro ?

Peter K : Non, c’est venu très naturellement, certains ne voulaient pas se professionnaliser par exemple. Ou notre bassiste actuel joue aussi dans un autre groupe, donc on s’adapte à ça, et quand il n’est pas là, on a un autre ami qui le remplace.

Eugénie Alquezar : Au début ça fait un peu peur, parce qu’on a toujours des échéances, des dates et tout. Mais avec le recul, je trouve que c’est hyper positif, ça permet de ne pas se dire « ok Parlor Snakes, c’est ça ». Et en plus, on joue avec de très bons musiciens.

Peter K : C’est rafraichissant et ça donne des idées. On écrit les chansons et on décide de tout, mais ils apportent une vibe différente.

Il y a une forme de sensualité dans votre musique, vous la ressentez aussi ?

Eugénie Alquezar : C’est difficile de définir et d’avoir du recul sur ce que l’on fait. Bien sûr avec le temps, on a une vision assez claire de notre son, mais on fonctionne plus par mood. On aime bien ce qui est imprévisible. C’est juste se retrouver ensemble et jouer ; parfois il y a des choses merveilleuses qui se créent, parfois des choses qu’on ne garde pas. Il n’y a pas de désir explicite de créer quelque chose de sensuel, ou de plus violent. C’est très spontané.

Votre musique est remplie de genres et d’influences différentes, de Karen O au rock garage. Ce sont vos influences qui ressortent ou celles des musiciens qui vous rejoignent et qui peuvent donner une couleur différente ?

Peter K : J’aime bien entendre les gens parler de notre musique, car ils ont parfois des idées auxquelles on ne pense pas. Les gens aiment bien dire « votre musique c’est ça, ou ça ». C’est plus compliqué. Par exemple, en live, ça envoie plus qu’en version album, c’est un son différent. Nous, on part dans pleins de directions, et on en dévie. « Tiens, là ça aura un côté Nick Cave, mais plus punk » ou « un côté plus années 70 ». Mais ce sont des inspirations constantes sans qu’on se lie à une, ça devient autre chose, on ne copie jamais.

Parlor Snakes

Eugénie Alquezar : C’est marrant parce que quelquefois, il y a des morceaux où je me dis que ce qui nous a inspiré c’est tel ou tel artiste et le ressenti est différent. Par exemple, un morceau où je voyais une filiation à la Nick Cave, notre ingé son nous dit « j’adore ce morceau, tellement Patti Smith », or ce n’était pas du tout la base. Je trouve ça génial.

Peter K : ça vient peut-être de ta façon de chanter sur ce morceau. On adore Patti Smith mais on n’aurait jamais l’intention d’imiter. D’ailleurs, parfois quand j’entends des musiques ailleurs et que je sens que c’est une forme de copie, pour moi c’est niet !

Eugénie Alquezar : Des fois, c’est tellement copier-coller c’est pas possible, c’est pas très créatif.

Propos recueillis par Alexandre Mathis

Crédits photo : Olivier Hoffschir