Quand la douceur apaisante de November Ultra fusionne avec la néo-soul de Jorja Smith, on obtient des sonorités proches de ce que propose NKA, chanteuse qui compose elle-même ses chansons. A califourchon entre la langue française et l’anglais, entre ses observations sur sa vie parisienne et ses racines camerounaises, cette artiste à fleur de peau sonde son vague à l’âme avec finesse et pudeur.
Avant de livrer son premier EP, La Lune, en décembre dernier, NKA a collaboré avec une foule de talents aux influences multiples : Mykki Blanco, Clara Luciani, Lous and the Yakuza, Kiddy Smile…
C’est désormais en solitaire que cette jeune femme s’exprime, en piochant dans le R’n’B, l’electro minimaliste, le gospel, le jazz et la chanson française.
Rencontre.
Ta musique a quelque chose de magique, tes chansons parlent du soleil, de la lune, comme si elle était guidée par les astres. Tu le ressens comme ça toi aussi ?
Je ne sais pas s’il y a une forme de magie. On m’a déjà posée la question mais je ne le fais pas consciemment. Quand j’écris sur le soleil, je ne l’ai pas fait parce que j’avais fait La Lune. Elle a vécu comme ça. Mais puisqu’en effet j’ai fait les deux, il faut croire que ça m’inspire !
Alors qu’est-ce qui te donne consciemment de l’inspiration ?
Les émotions : pas seulement les miennes, aussi celles des autres. Parfois, ça peut-être un son ou une mélodie qui me vient en tête. Et là je me pose et je dois l’enregistrer.
Et ta musique donne de la légèreté. Ça agit sur toi aussi ?
Je crois oui. Mon rapport est très spontané, et ça compense parce que dans la vie de tous les jours, je le suis moins. Composer et chanter me libèrent de tout ça.
Et comme beaucoup d’artistes de ta génération, tu n’as pas de limites dans le style musical.
Dans ce que j’écoute, je connecte à une chanson si elle me touche, pas selon son genre. Je ne m’interdis rien. Et c’est pareil quand je compose, ça n’est pas une question, je ne cherche pas de cohérence. Cela étant, ça ne veut pas dire qu’à un moment donné, je ne vais pas me focaliser sur une esthétique. Je ne vais pas me l’interdire, je me dois juste d’être honnête avec moi-même. Je peux être obsédée par un son. Cet été je me suis mise à la basse, ça m’a pas mal obsédé. Je me suis juste autorisée à en jouer et à en mettre. Je ne sais pas ce que ça va donner, on verra.
Comment tu choisis la langue dans laquelle tu chantes ?
Je ne choisis pas, j’ai la même approche que pour les genres. J’ai grandi avec deux langues, donc si une chanson s’exprime à travers moi en Français, je la laisse ainsi, et pareil pour l’Anglais ou si c’est les deux mélangés.
Et le Cameroun, d’où tu es originaire, a quelle place dans ton travail ?
Il fait aussi partie de mon identité, donc il est là quelque part. Je pense que c’est moins flagrant que d’autres esthétiques mais c’est là. Dans la manière dont j’approche le rythme, ça me vient clairement du Cameroun. Il y a des Camerounais ou Camerounaises, quand ils écoutent mes chansons, ils identifient instantanément cette influence-là. Mais c’est plus la question de la sensibilité de chacun.
Propos recueillis par Alexandre Mathis